Création : 22 avril 1965 au Théâtre Municipal de Strasbourg
Durée : 23′
Ecrites pour Les Percussions de Strasbourg, les Huit Inventions furent exécutées pour la première fois le 22 avril 1965 au Théâtre Municipal Strasbourgeois avec une chorégraphie de Manuel Parrès. Depuis cette date, le Groupe les a inscrites à de nombreux programmes de concert.
1. Corale. Dans un climat très recueilli, des accords sourds scandent une mélodie peu étendue et librement inspirée du plain-chant. De mystérieux mélisses évoluent autour de ces axes sonores pour culminer dans un bref crescendo médian, n’échappant à leur attraction que pour retourner au silence.
2. Giubiloso. Contraste brutal avec la pièce précédente. A un appel de cloche, une réponse assurée des xylos, prolongée sur un fond de timbale par les timbres qui empruntent, de façon fragmentaire, un thème du Corale, montre qu’il s’agit là d’une étude de colorations sonores contrastées. Le groupe rythmique initial, où peu à peu le jeu s’établit entre quatre partenaires, s’affirmera en dynamisme par le resserrement graduel des valeurs.
3. Recitativo. Après la jubilation, c’est de nouveau la conquête d’un univers plus intérieur que nous propose le lent trait arpégé des gongs thaïlandais, figure mélodique qui viendra interrompre périodiquement, comme une implacable fatalité, un discours rythmique qui hésite ainsi à s’imposer. Les timbres semblent transposer une écriture purement vocale.
4. Scherzo. Etude rythmique. Sur un fond à texture élémentaire de la caisse claire s’élève une mélodie aux tournures très franches confiées aux xylos, qu’appuyant des effets de cymbales. Une courte détente dans l’intensité, où nous parviennent les messages chiffrés du temple-block sur le roulement oppressant de la grosse caisse; mais ce n’est qu’un ciel lourd entre deux éclairs. Une coda inopinée et discrète ponctuera dans le repos.
5. Lamentoso. Cette fois, le jeu s’organise autour d’un thème exposé au vibraphone qui emprunte sa démarche à la musique des îles de l’Océan Pacifique. Les tam-tams irisent de larges faisceaux de couleurs cuivrées, tandis que le caractère incantatoire s’instaure par des coups amortis et groupés avec lesquels la caisse claire va dialoguer, imposant ses durées plus brèves.
6. Danza. Autre étude rythmique qui évolue, elle, dans une atmosphère orientale très marquée. La permanence d’une structure simple, répartie entre toms et timbales, sert de moteur à l’action simultanée et accentuée de divers groupes de hauteurs opposées et de timbres typés comme ces gongs thaïlandais dont la mélopée archaïque emprisonne le songe des hauts-plateaux désertiques.
7. Aria. A la recherche « mantrique » de la pièce précédente, succède une courte méditation mélodique du vibraphone évoluant sur un lointain frémissement des cymbales suspendues, des tams et de trémolos de marimbas. Dans cette forêt de timbres, les préoccupations spirituelles du Lamentoso, dépouillées de leur inquiétude, gagnent ici un registre plus immatériel et serein.
8. Diabolico. Un diable exotique dans ses oeuvres dérisoires : le thème du Corale est repris en valeurs courtes par les xylos, cette fois, qui dénaturent le sens originel de façon agressive, encouragés en cela par le martèlement aux accents obsédants des timbales et des toms. Caricature de l’effusion intérieure initiale, la danse s’installe, jusqu’à l’accelerando final, dans une allégresse panique.