Création : Et exspecto resurrectionem mortuorum a été créée en audition privée le 7 mai 1965 à la Sainte-Chapelle à Paris. La première audition publique eut lieu le 20 juin 1965 en la cathédrale Notre-Dame de Chartres, sous la direction de Serge Baudo
Commanditaire : André Malraux, Ministre de la Culture, pour la célébration des morts des deux guerres mondiales
Effectif détaillé : 2 flûtes piccolo, 3 flûtes, 3 hautbois, 1 cor anglais, 1 petite clarinette [en mib] , 3 clarinette, 1 clarinette basse, 3 bassons, 1 contrebasson, 6 cors, 1 trompette piccolo [en ré] , 3 trompettes, 3 trombones, 1 trombone basse, 2 tubas, 6 percussionnistes
Édition : Alphonse Leduc, nº AL 23681
Titres des parties
1. Des profondeurs de l’abîme, je crie vers toi, Seigneur: Seigneur, écoute ma voix !
2. Le Christ, ressuscité des morts, ne meurt plus ; la mort n’a plus sur lui d’empire
3. L’heure vient où les morts entendront la voix du Fils de Dieu…
4. Ils ressusciteront, glorieux, avec un nom nouveau – dans le concert joyeux des étoiles et les acclamations des fils du ciel.
5. Et j’entendis la voix d’une foule immense…
Genèse de l’œuvre
Commandée par André Malraux pour célébrer les morts des deux guerres mondiales, elle fut écrite et orchestrée en 1964. Elle est destinée à être exécutée dans de vastes espaces, églises, cathédrales, en plein air et en haute montagne. Messiaen s’inspira des paysages qui l’entouraient lors de sa composition, les Hautes-Alpes avec leurs puissantes montagnes, mais aussi des images imposantes d’églises d’architecture romane et gothique et d’édifices anciens du Mexique ou de l’Ancienne Égypte. Les textes qu’il étudiait à l’époque étaient La Résurrection et le Monde des Ressuscités de Saint-Thomas d’Aquin.
Analyse des cinq pièces
« Des profondeurs de l’abîme, je crie vers toi, Seigneur : Seigneur, écoute ma voix ! » (Psaume 130, v.1 et 2) : Thème de la profondeur confié aux cuivres graves, harmonisation par les 6 cors en complexes colorés, cri de l’Abîme !
« Le Christ, ressuscité des morts, ne meurt plus; la mort n’a plus sur lui d’empire. » (Saint-Paul, Epître aux Romains, chap.6,v.9) : Messiaen précise que les silences dans cette pièce sont aussi importants que la musique. La trompette jaillit des complexes colorés des bois. Le cor anglais et la clarinette concluent la pièce.
« L’heure vient où les morts entendront la voix du Fils de Dieu… » (Evangile selon Saint-Jean, chap.5, v.25) : Cette voix évoquée dans le titre de la pièce est symbolisée à trois reprises : 1er symbole confié aux bois, chant mystérieux de l’Uirapuru, oiseau de l’Amazonie
« Ils ressusciteront, glorieux, avec un nom nouveau – dans le concert joyeux des étoiles et les acclamations des fils du ciel. » (Saint-Paul, 1e Epître aux Corinthiens, chap.15, v.43 – Apocalypse de Saint-Jean, chap.2,v.17 – Livre de Job, chap 38, v.7) : Reprise de l’ensemble des thèmes de l’œuvre, les tam-tams symbolisent le moment solennel de la résurrection et la mélodie lointaine des étoiles. Superposition de quatre complexes sonores qui s’unissent pour acclamer les ressuscités dans leur gloire.
« Et j’entendis la voix d’une foule immense… » (Apocalypse de Saint-Jean, chap.19, v.6) : « Le tutti de l’orchestre et les percussions des gongs sont chargés de cet effet choral qui reste énorme, unanime et simple. »