IKEDA RYOJI – Réécriture de But what about the noise… de John Cage

Création : 03 juin2021, KunstFestSpiele Herrenhausen, Hanovre (Allemagne)
Coproduction : Les Percussions de Strasbourg / Festival Musica / KunstFestSpiele Herrenhausen
Effectif : 10 percussionnistes
Durée : 15′

But What About the Noise… est le portrait sonore que John Cage dédia au Strasbourgeois Hans Arp à l’occasion du centenaire de sa naissance. L’Américain considérait le cofondateur du mouvement Dada comme un modèle, en particulier pour sa relation à la nature et sa conception cosmogonique de l’art. Il en résulte cette partition conceptuelle tapée à la machine et offerte aux Percussions de Strasbourg en 1986, où le langage musical se réduit à cinq signes typographiques. Une œuvre minimale, faite de bruissements environnementaux.

Nous avons choisi cette pièce singulière en introduction de la pièce 100 Cymbals de Ryoji Ikeda et demandé à l’artiste japonais de la réécrire.
Ryoji Ikeda avait déjà signifié sa filiation avec John Cage avec une version plastique des célèbres 4’33”, sous la forme d’un tableau fait d’une pellicule 16 mm. Pour ce nouveau regard posé sur le père de l’expérimentation musicale, Ryoji Ikeda a choisi de remplacer les éléments initialement utilisés tels que le bois, l’eau, le verre ou encore le métal par l’emploi d’instruments issus de la culture japonaise. Semblables à deux pièces de bois de formes rectangulaires que l’on claque ou frotte ensemble, les hyōshigis sont traditionnellement utilisés lors de certaines cérémonies rituelles ou quotidiennes au Japon. Ici, sans effet ni microphone, le son se déploie uniquement sous la forme d’impulsions ou de frottements, en un geste précis d’épure acoustique. La simplicité et la réduction des matériaux, associées à de subtiles variations, révèlent la structure compositionnelle de la pièce. Le dépouillement des sonorités constituées de bruits blancs ou de délicates frictions du bois met en exergue la place toute particulière accordée au silence dans l’œuvre de John Cage, ainsi qu’à l’environnement naturel et aux différents rythmes de l’eau que l’artiste mentionnait dans sa partition : « Arp était stimulé par l’eau (la mer, les lacs, l’eau courante comme celle des rivières) et les forêts ».   D’une durée de 15 minutes, cette relecture de la pièce de Cage par Ikeda apparaît désormais comme le discret mais non moins puissant corollaire pointilliste de l’océan sonore de 100 Cymbals.