Récital pour 2 vibraphones, 2 marimbas
MINIMAL est la prochaine création en récital des Percussions de Strasbourg.
Enregistré sous notre propre label en avril, l’album sortira en septembre 2025.
Le programme est disponible en tournée dès mai 2025.
Programme (à composer parmi ces pièces) :
Camille Pépin (1990, France) – Avant, pendant, et pourtant*, 15’
Yang Song (1985, Chine) – Ombres*, 15’
Nik Bärtsch (1971, Suisse) – Seven Eleven, 11’
Shelley Washington (1991, USA) – Sunday, 9’
Steve Reich (1936, USA) – Mallet Quartet, 15’
* commande Percussions de Strasbourg
Interprètes : Lou Renaud-Bailly, Minh-Tâm Nguyen, Thibaut Weber, Hsin-Hsuan Wu
Régisseur général et lumière : Claude Mathia
Directeur artistique : Minh-Tâm Nguyen
Durée : 65′
Commande et production : Les Percussions de Strasbourg
MINIMAL a reçu le soutien du CNM pour l’aide à la production phonographique.
« Si la musique dite minimaliste et les Percussions de Strasbourg sont parfaitement contemporaines, nées dans l’émulation du début des années 60, leurs chemins ne s’étaient jusque-là pas croisés. Elles ont pourtant beaucoup en partage, curieuses l’une et l’autre des cultures, musiques et instruments extra-occidentaux qui ont ouvert les répertoires des avant-gardes américaine et européenne à de nouveaux horizons. Depuis leur fondation en 1962, les Percussions de Strasbourg ont constitué un répertoire exceptionnel – l’ensemble est dédicataire de près de 400 œuvres – et enrichi un parc instrumental unique au monde. Le son de l’ensemble est ainsi né des sensibilités des différentes générations d’instrumentistes qui s’y sont succédé mais aussi – et peut-être surtout – de ce que ces instruments ont fait germer dans l’esprit de compositeurs et compositrices du monde entier : un travail sur les textures et le mélange des timbres, déployé au fil d’œuvres où le rythme n’était pas nécessairement le cœur du propos. Aujourd’hui, ce répertoire fantastique et singulier respire toujours sous les mailloches et baguettes de l’ensemble, en s’étoffant d’année en année à l’aune des nuances de l’époque. Il coexiste désormais avec d’autres esthétiques.
Un ensemble se doit d’être fidèle à son histoire – surtout quand elle est aussi riche et prestigieuse que l’est celle des Percussions de Strasbourg – mais aussi aux sensibilités, cultures, goûts et talents des musiciennes et musiciens qui le composent, sans même parler des orientations multiples des compositeurs et compositrices à qui il commande des œuvres. C’est dans les possibles ouverts par cette légère tension que naissent les révolutions douces, les plus beaux projets. MINIMAL est de ceux-ci, qui œuvre à la rencontre de chemins qui s’étaient évités. Ce disque s’inscrit dans une dynamique plus large, une volonté d’ouverture qui guide autant un rapport aux nouvelles technologies qu’une expansion des pratiques et expressions scéniques, faisant émerger au sein du répertoire des Percussions des formes dansées ou pluridisciplinaires. La quatrième génération des instrumentistes de l’ensemble assume pleinement la variété de ses goûts : le jazz et les musiques contemporaines autant que celles dites classiques ou actuelles irriguent puissamment sa façon d’aborder les œuvres. “C’est ce qui fait aujourd’hui notre patte, notre couleur, assume le directeur artistique Minh-Tâm Nguyen. Je ne prétends pas innover, je veux simplement profiter du moment présent avec les instrumentistes qui sont là.” MINIMAL est ainsi né d’une maïeutique très fine entre l’intuition d’une direction à emprunter et un dialogue soutenu entre les sensibilités des artistes et œuvres en présence.
Et c’est une conversation avec Camille Pépin qui est à l’origine du projet. En une dizaine d’années, la compositrice (née en 1990) s’est distinguée sur les scènes internationales avec un répertoire essentiellement orchestral, où affleurent les influences conjuguées de la musique impressionniste française de la fin du 19e siècle et du courant minimaliste américain. Si la densité de son travail symphonique laisse moins deviner aux oreilles pressées son goût pour la musique répétitive, Avant, pendant, et pourtant l’expose brillamment. C’est tout l’enjeu de cette commande des Percussions de Strasbourg, autour de laquelle le projet MINIMAL s’est élaboré. Partant de l’admiration que la compositrice voue au travail de Steve Reich, Minh-Tâm Nguyen lui commande une pièce dont l’instrumentarium est emprunté à celui du célèbre Mallet Quartet : deux marimbas et deux vibraphones. C’est le deuxième pôle magnétique du projet : embrasser une œuvre récente mais devenue instantanément un classique du répertoire minimaliste, ici envisagée comme un mètre étalon, pour prendre à la fois la mesure de la quintessence du genre et de ce que la sensibilité de l’ensemble peut lui apporter.
Créée en 2009, Mallet Quartet a beau être une œuvre tardive de Steve Reich, elle s’inscrit dans la parfaite continuité d’un travail sur les percussions dont Drumming (1971) est la pierre angulaire. Commissionnée conjointement par les ensembles hongrois Amadinda Percussion Group et américain Sō Percussion, elle a déjà été fixée sur disque dans des versions qui font référence et inspirent la plupart de celles et ceux qui l’interprètent depuis 15 ans. Tout en se montrant respectueux des codes induits par l’histoire du mouvement minimaliste et les intentions du compositeur, les musiciennes et musiciens des Percussions de Strasbourg en donnent aujourd’hui leur version, traversée par leur propre histoire et leur sensibilité. “Chez Steve Reich, analyse Minh-Tâm Nguyen, il y a la théorie, les mathématiques, l’architecture mais in fine, c’est l’énergie qui prime pour les interprètes, galvanisés par un état de concentration intense.” Et ce que va chercher l’ensemble dans cette partition, c’est sans doute une souplesse et un groove inédits, un jeu où se conjuguent nuance et énergie. La pièce offre au projet MINIMAL le lien de son instrumentation, des claviers à la fois percussifs et mélodiques qui permettent d’explorer un large éventail de sonorités, où chaque résonance, chaque note répétée crée un paysage sonore immersif et en constante transformation. Toutes les pièces du disque ont été commandées ou choisies avec cet élément décisif en tête, lui donnant l’aspect d’une fenêtre ouverte sur la diversité des propositions minimalistes d’aujourd’hui.
Avec Avant, pendant, et pourtant, Camille Pépin trouve ainsi un chemin très singulier entre la rigueur du minimalisme – où la simplicité coexiste paradoxalement avec une certaine complexité – et la poésie d’une écriture presque cinématographique. Conçue en trois mouvements, deux sections rapides encadrant un épisode lent, la pièce joue d’abord sur une énergie et un rythme symbolisant l’amour avant de vaciller face à l’inconnu, soudainement fragile et incertaine. Le retour d’une pulsation régulière engage la pièce vers un dernier temps, où un flux rapide et continu amène à la lumière. La compositrice en dévoile ainsi l’intention : “En nommant le dernier mouvement Et pourtant, je souhaitais exprimer la possibilité de créer des moments heureux malgré l’événement tragique de la section lente correspondant à l’instant où l’on apprend la maladie d’un être cher. Malgré les épreuves que la vie nous inflige parfois, des moments apaisés surviennent, emplis d’espoir, de lumière, hors du temps. Ce sont ces instants précieux qui comptent, nous inspirent et nous font avancer.”
C’est aussi le souvenir d’une blessure qui a guidé Shelley Washington dans l’écriture de Sunday, au printemps 2021. Ou plutôt d’un temps avant la blessure, celui du “dernier après-midi dominical (im)parfait que j’avais passé avant que tout ne s’écroule. (…) Juste lire des livres au café, errer sans but dans le quartier, s’accorder une pause tranquille à un endroit ombragé. Cette dernière journée facile et avenante, douce-amère, normale, calme et ennuyeuse passée près du parc, sans rien faire.” Née dans le Missouri en 1991 et aujourd’hui basée à Brooklyn, Shelley Washington est une saxophoniste et compositrice américaine, dont la large palette emprunte notamment au jazz, au rock ou au folk. Pas étonnant pour une artiste qui a compté les compositrices Julia Wolfe ou Caroline Shaw parmi ses mentors et collabore aussi bien avec l’ensemble de musique contemporaine Eighth Blackbird qu’avec le musicien pop Justin Vernon (Bon Iver). Si Sunday n’est pas une commande des Percussions de Strasbourg, la performance qui en est ici gravée est quasiment une création. Shelley Washington l’a composée dans le cadre de l’édition 2022 de la résidence d’été que l’ensemble Sō Percussion organise à l’université de Princeton (New Jersey). C’est en tombant sur une captation vidéo de cette performance que Minh-Tâm Nguyen prend contact avec la compositrice, qui s’engage dans un rigoureux travail d’édition d’une pièce d’abord écrite à la main à l’intention des étudiantes et étudiants de Princeton. Les interprètes des Percussions de Strasbourg s’en emparent aujourd’hui avec le luxe du temps long pour en travailler les nuances, la mélodie mélancolique et lumineuse.
Le pianiste et compositeur suisse Nik Bärtsch, né en 1971 à Zurich, partage avec la musicienne new-yorkaise un goût pour une musique aux horizons ouverts, aux frontières dujazz le plus zen et de la composition moderne, où la pop et le groove ont leur place. Avec ses groupes Mobile et Ronin ou sous son seul nom, ses différents albums – tous parus sous le mythique label ECM – témoignent d’un intérêt constant pour les répétitions, combinaisons et superpositions de phrases et motifs. Le compositeur écrit également pour d’autres ensembles, notamment des pièces pour percussions, comme l’envoutante Seven Eleven (2020) basée sur des cycles rythmiques imbriqués ou Shaker Kami, commandée par les Percussions de Strasbourg en 2020 et jouée sur scène avec le pianiste lui-même. La grande précision de ses compositions suppose un travail intense et une entente particulière des interprètes.
Là réside sans doute la grande originalité de ce projet que les Percussions de Strasbourg consacrent aux musiques minimalistes : non seulement il joue à plein sur la curiosité et l’ouverture de l’ensemble mais il lui offre également un changement de perspective. MINIMAL dresse le portrait d’un collectif au travail, comme le serait un groupe de rock ou de jazz, lié par la pratique d’une musique au cadre strict au sein duquel il faut apprendre à être libre, à proposer et échanger ; lié aussi par l’expérience du studio d’enregistrement. Souvent, les albums des Percussions de Strasbourg – des réussites saluées par de nombreux prix et distinctions – ont été conçus comme la photographie de projets déjà enclenchés. MINIMAL inverse la proposition : il s’agit d’abord d’un disque, patient travail de studio appelé à se déployer largement sur les scènes du monde entier. À ce titre, la présence de l’accordéoniste Vincent Peirani à la direction artistique de l’album donne un indice sur l’approche de l’ensemble. Le musicien a renouvelé en profondeur le langage et le répertoire de l’accordéon dans le champ du jazz, en mobilisant une solide formation classique mais aussi une oreille ouverte à toutes les musiques, sans égard pour les étiquettes qu’on a pris l’habitude de leur accoler : actuelles ou contemporaines, réunies par le temps présent. En ce sens, sa démarche est rigoureusement la même que celle entreprise par Minh-Tâm Nguyen avec ce projet : “Ce qui fait lien entre ces œuvres du monde entier, c’est nous – les musiciens et musiciennes – et l’empreinte que ces musiques ont sur nous. Je voulais, le temps de ce projet, amener une autre énergie, qui engage différemment le public. C’est ma façon d’être contemporain aujourd’hui.”
Le programme – quatre pièces – ainsi enregistré est associé sur scène à une œuvre commandée à la compositrice chinoise Yang Song, née en 1987 à Hohhot, en Mongolie-Intérieure. Elle est associée à l’équipe Analyse des Pratiques Musicales de l’université de Cologne (Allemagne) et a suivi le cursus de composition de l’IRCAM à Paris. La pièce que Yang Song a composée pour les Percussions de Strasbourg propose une vision nouvelle des chansons traditionnelles de sa région de naissance, en un travail rythmiques complexe où les harmonies se superposent. Elle complète ce regard sur le minimalisme d’aujourd’hui, tel que des compositeurs et compositrices et des ensembles – nouveaux venus ou riches de plusieurs décennies d’histoire – s’en emparent dans le monde entier. »
Vincent Théval
Calendrier de production :
Avril 2025 : enregistrement au Théâtre de Hautepierre, Strasbourg (FR)
31 mars – 4 avril 2025 : concerts dans les établissements scolaires du quartier Hautepierre, Strasbourg (FR)
2 juillet 2025 : Parc de la Bergerie (Cronenbourg), Strasbourg (FR)
19 septembre : sortie d’album (Outhere, Believe)
Octobre 2025 : tournée en Chine (CN) & Corée du Sud (KOR)
5 novembre 2025 : Université Mc Gill / salle Tanna Schulich, Montréal (CA)
4 décembre 2025 : concert de sortie d’album, Théâtre de Hautepierre, Strasbourg (FR)
Novembre-décembre 2025 : tournée dans le département, en partenariat avec la Communauté Européenne d’Alsace (FR)