MACHE FRANCOIS BERNARD – Aera

Création : 30/03/1979, « Perspectives du XXème siècle », Palais des Arts, Paris
Effectif : 6 percussionnistes
Commande de : Ministère de la Culture (Direction de la Musique)
Dédicataires : les Percussions de Strasbourg
Durée : 25′

En grec, le titre signifie : l’Air. En latin : Bronzes. Par ailleurs, il assone avec Marae, autre oeuvre écrite pour les Percussions de Strasbourg en 1974. Aera repose essentiellement sur la dimension harmonique et sur les superpositions du temps. Cette harmonie n’a rien à voir avec les fonctions au sein d’un système tonal ou modal auxquelles la tradition nous a accoutumés. Elle est plutôt un jeu sur les couleurs résultant du mélange des sons comme autant de composants chimiques. La loi qui régit le mouvement de ces composants est celle d’une expansion toujours recommencée, tantôt sur un rythme unanime, tantôt sur la superposition de deux à six temps différents. L’absence d’idées au sens discursif du terme et l’aptitude particulière des timbres utilisés à court-circuiter en quelque sorte la réflexion, situent « Aera » dans la mouvance des musiques sacrées, sans que l’oeuvre se réfère cependant ni au Tibet ni à Bali. Par une action sensorielle immédiate, elle tend à créer une lucidité particulière, aussi étrangère à l’hypnose qu’à l’analyse. Si le mot « voyance » avait un équivalent dans le domaine sonore, on pourrait dire que c’est là ce dont on a recherché l’éveil.
François-Bernard Mâche