Le hollandais Peter Schat, né à Utrecht en 1935, a étudié à La Haye, à Londres et enfin à Bâle avec Pierre Boulez. C’est en 1961 que Schat a composé son « Signalement » pour six percussionnistes et trois contrebasses, à l’intention des Percussions de Strasbourg. Le titre de la pièce vient des signaux qu’échangent les interprètes pour coordonner leurs interventions. L’oeuvre, en effet, accorde progressivement de plus en plus de liberté de choix aux musiciens et va donc de la lecture d’un texte musical déterminé jusqu’à un jeu où le « hasard » intervient dans les limites prévues par le compositeur. Les signaux de coordination deviendront donc de véritables signes de direction et les interprètes auront chacun à leur tour une responsabilité au moins égale à celle d’un chef d’orchestre.
Aux contrebasses, qui n’apparaissent qu’épisodiquement, s’ajoute au piano traité en percussion et dont les cordes ont été préalablement « préparées » par l’introduction de divers objets. Dans la dernière partie de l’ouvrage, le timbre particulier émis par le piano détermine les répliques des autres pupitres sur tel ou tel groupe d’instruments. « Suivant qu’on aura entendu une corde de piano pincée par une pièce de monnaie, étouffée par un morceau de caoutchouc ou frappée par des baguettes, les percussionnistes joueront la séquence correspondante uniquement sur les instruments de métal, de bois, ou de peau », précise l’auteur.
« Signalement » est donc une œuvre « ouverte » dont la vie sonore ne se dément pas un instant. On peut suivre ici non seulement la pensée du compositeur, mais les réactions les plus personnelles des interprètes qui ont loisir d’infléchir le discours dans la direction de leur sensibilité propre.