Création : 7 septembre 1974, Fête de l’Humanité, La Courneuve
Effectif : 6 percussionnistes et orchestre
C’est un oratorio composé sur les textes de Pablo Neruda, poète chilien, ambassadeur à Paris du Chili de l’Unité Populaire. L’oeuvre a été composée en 1971/72, et Neruda a eu la joie d’assister aux premières répétitions en 1972, avant de retourner (pour un dernier voyage) dans son pays où sa mort suivi de quelques temps celle d’Allende. Les destins parallèles des deux peuples se croisent et se rejoignent dans l’oeuvre commune du poète et compositeur. La création musicale eut lieu le 7 septembre 1974 (avec la participation des Percussions de Strasbourg), à la Fête de l’Humanité, à l’heure où le Chili s’enferme dans une longue et terrible nuit, d’où la Grèce vient tout juste de sortir. Le Canto General sera le cadeau rapporté d’exil par le compositeur pour saluer la liberté retrouvée. Chanté en espagnol (car Theodorakis a tenu à garder le texte original de Neruda) par Maria Farandouri et Petros Pandis, le Canto General rappelle aux Grecs combien leur chance reste fragile, et que les épreuves, en prenant fin, ont déjà rejailli ailleurs, perpétrées par les mêmes mains. Musicalement, l’oeuvre se compose de treize parties, certaines très courtes, d’autres très importantes. Ces différentes parties parlent de l’Amérique Latine, de son peuple, de la puissance et de l’importance de la nature dans la vie de chacun. Des oiseaux avec leurs forces et couleurs ; du vent qui apporte les odeurs de la terre, de la mer, du tabac, et qui porte aussi les semences et la vie ; les peuples insurgés, avec un espoir qui leur donne la force de lutter pour la liberté. Avec ces quelques éléments on aura compris que l’oeuvre a peu de rapport avec les oratorios sacrés tels que nous en ont laissés Bach ou Häendel. Le Canto General renoue presque, dans le fond, si ce n’est dans la forme, avec les premières œuvres du 17e siècle, mettant en scène des personnages allégoriques : le temps, la vie, le monde… C’est un grand hymne à la Liberté. L’orchestration comprend 2 pianos, 3 bouzoukis pouvant être remplacés par des flûtes, une guitare classique, une guitare 12 cordes, une guitare électrique, une guitare basse, 6 percussions et des timbales, avec bien sûr une mezzo soprano et un baryton solo, ainsi qu’un double cœur mixte. Le Canto General est dédié « à la mémoire du pianiste Yannis Didilis, mon fidèle collaborateur et ami, l’âme de mon orchestre populaire depuis sa création en 1960.
Mikis THEODORAKIS