©Bartosch Salmanski

ONLY
Agata Zubel, Noémie Ettlin, Yijoo Hwang

Récital pour 3 créatrices, 6 musicien·ne·s, 0 instrument

Programme :



Spray*, pour 6 peintres utilisant des bombes de spray, Agata Zubel, 2024
Banquise, pour 6 pingouins, Noémie Ettlin, 2024
Désordre, pour 6 consciences, Yijoo Hwang, 2024

Interprètes : Matthieu Benigno, Alexandre Esperet, Hyoungkwon Gil, Youjin Lee, Olivia Martin, Lou Renaud-Bailly
Directeur artistique : Minh-Tâm Nguyen
Régisseur général et lumière : Claude Mathia
Ingénieur du son : Olivier Pfeiffer


Durée : 55′


Commande et Production déléguée : Percussions de Strasbourg
Coproduction : Festival Rainy Days, Philharmonie du Luxembourg
* avec le soutien amical de la Fondation Ernst von Siemens

Dans Only, les Percussions de Strasbourg travaillent avec trois jeunes créatrices qui n’ont reçu qu’une seule consigne stricte : ne pas utiliser d’instruments. Trois créatrices au sens large, volontairement vaste et englobant. Elles sont compositrice(s), chorégraphe, et aussi un peu metteure en scène, scénographe et peintre. Nous n’avons pas voulu fixer leur fonction dans le marbre, tant la création musicale contemporaine déborde aujourd’hui les cadres de la musique seule. Trois musiciennes et trois musiciens, qui participent pleinement, par leur présence, par leur personnalité, à une part de la création, y compris, pour certaines pièces, lors de phases de travail au plateau au cours desquelles ils et elles sont force de proposition. Enfin, des objets, des outils, et zéro instrument : une absence qui, de fait, joue un rôle important.

Cette configuration permet une mise à égalité de tous ces champs, au service « seulement » d’un récital qui repose sur chacun·e (femmes, hommes, percussions absentes). Only dépasse les catégories : pas de hiérarchie, « juste » des artistes, créatrices et musicien·ne·s, sans même l’ombre d’une percussion. Qui a dit qu’un·e percussionniste a besoin d’un instrument pour exercer son art ? Dans Only, des artistes travaillent ensemble un récital avec des présences, des incarnations, des corps, des souffles, des voix, des matières, des instruments virtuels…

Ainsi, Agata Zubel propose avec Spray une œuvre entièrement jouée avec des bombes de peinture et divers accessoires, spatules, pinceaux, cartons et papier de verre. Les spectateurs, invités au cœur d’un atelier, assistent à un ballet d’artistes orchestré avec précision. La partition dessine à la fois un paysage sonore, des mouvements synchronisés et six œuvres picturales qui progressivement s’offrent à nous sur les toiles vierges.

Ensuite, pour la première fois, les Percussions de Strasbourg commandent une chorégraphie. Noémie Ettlin manifeste une grande sensibilité à la musique et à la rythmicité. Par ailleurs, elle a remarqué l’aspect presque chorégraphié d’un concert de percussion, où chaque musicien manie avec précision et délicatesse son set en participant à un ballet instrumental ordonné. Banquise s’agence en une partition des corps et met en œuvre un commando de pingouins survoltés, librement inspiré des personnages du dessin animé Madagascar. Leurs gestes saccadés et parfaitement synchronisés sont un concentré d’humour et d’absurde animé par les seuls sons des pas, des voix et des respirations. Tout au long d’un travail d’écriture au plateau, la chorégraphe a su tirer parti des personnalités propres des musiciens et de leurs singulières capacités techniques à comprendre et interpréter les rythmes complexes des corps.

Enfin, c’est par un jeu de body percussions que les musiciens évoquent les perturbations et injonctions diverses qui envahissent notre quotidien dans Désordre, de Yijoo Hwang. Nous avons besoin de temps pour nous concentrer, sans qu’aucune perturbation ne vienne nous déranger. Cependant, nos vies sont envahies de ces parasitages divers, qui prennent de nombreuses formes : notifications sonores des réseaux sociaux, messageries diverses, sonneries de téléphone, publicités, démarchages, visites inopinées, mais aussi charge mentale, stress… Souvent, en tant qu’« animaux pensants », ce sont nos propres pensées qui nous perturbent. Est-il possible d’être libéré de toute pression pour nous consacrer pleinement à une occupation ? Est-ce que tout ce qui semble nous gêner est vraiment inutile ? Au cours de Désordre, une percussionniste est constamment dérangée par deux musiciens à ses côtés. Les parasitages viennent de la scène, mais peuvent aussi surgir d’ailleurs, autour de nous.

Guillaume Kosmicki

Spray d’Agata Zubel a reçu le soutien de la Fondation Ernst von Siemens

Dates :

Jeudi 22 février 2024, 20h, Théâtre de Hautepierre, Strasbourg
Jeudi 27 mars 2025, 20h30, Théâtre des Deux Rives, Charenton-le-Pont
Vendredi 28 mars 2025, 20h, Festival Détours de Babel, L’Hexagone, Meylan


Biographies

AGATA ZUBEL
Compositrice née en 1978, Pologne

Agata Zubel étudie la percussion, l’art vocal et la composition en Pologne, à Wroclaw, à la Karol Symanowski High School of Music et à la Karol Lipinski University of Music. Vocaliste, elle interprète de nombreuses oeuvres du répertoire contemporain telles que Chantefleurs et Chantefables de Witold Lutoslawski, Luci mie traditrici de Salvatore Sciarrino ou encore le rôle de Madeline dans The Fall of the House of Usher de Philip Glass. Avec le pianiste et compositeur Cezary Duchnowski, elle forme le duo EllectroVoce, développant un travail d’improvisation et de traitement de la voix en direct. Dans la lignée de Cathy Berberian, Agata Zubel explore toutes les ressources de sa voix et toute la variété des modes d’émission vocale. La voix est également présente dans ses compositions, sur des textes de Samuel Beckett (Cascando pour voix, flûte, clarinette, violon et violoncelle, 2007 ; Not I pour voix, ensemble instrumental et électronique, 2010), de William Shakespeare (Lullaby pour choeur mixte, 2013), de Heiner Müller (Bildbeschreibung, forme opéra pour deux voix, ensemble instrumental et électronique, 2016), ou d’auteurs polonais tels Czeslaw Milosz (Aphorismes sur Milosz, pour voix et ensemble instrumental, 2011) et Tadeusz Dabrowski (In between the ebb of thoughts and the flow of sleep, pour voix, piano et orchestre à cordes, 2013). Elle compose également des partitions vocales sans texte à l’instar de Parlando pour voix et ordinateur (2000), ou encore Madrigals pour cinq voix (2015), oeuvre qui développe une polyphonie d’onomatopées. Dans le domaine de la musique instrumentale, Agata Zubel signe des oeuvres symphoniques (Fireworks, 2018), des concertos (Concerto pour violon, 2014 ; Concerto pour piano, 2018), des oeuvres pour ensemble (3×3, fruit de sa résidence auprès de l’ensemble 2e2m, 2019), ainsi que de la musique de chambre. Agata Zubel a reçu des commandes de différentes institutions en Europe et aux États-Unis : Ensemble intercontemporain, Klangforum Wien, London Sinfonietta, SWR Radio, Westdeutscher Rundfunk, Warsaw Autumn, Los Angeles Philharmonic, Seattle Symphony… 

NOÉMIE ETTLIN
Chorégraphe née en 1988, Suisse

Noémie Ettlin s’est formée à la danse classique et contemporaine en Suisse avant d’intégrer le programme européen « D.A.N.C.E » en Allemagne où elle rencontre les chorégraphes William Forsythe, Wayne McGregor, Angelin Preljocaj et Frédéric Flamand. Elle intègre en 2009 le Ballet National de Marseille dirigé par Frédéric Flamand avec lequel elle se produit en France et à l’international. Elle créer sa première pièce chorégraphique « PS : Salads are from the Shop » lors d’une carte blanche. Elle rencontre James Thiérrée en 2012 et participe à la création et la tournée du spectacle « Tabac Rouge ». Elle découvre le tango avec les cie Tango Ostinato et Catherine Berbessou. Elle poursuit son travail d’interprète auprès des chorégraphes Kaori Ito, Dominique Boivin, Thomas Guerry, Andrew Skeels, Laura Scozzi,… Elle a également assisté chorégraphiquement James Thiérrée sur sa création in situ à l’Opéra Garnier « Frôlons » ainsi que Damien Bricoteaux lors du festival d’Avignon. Depuis les débuts de sa carrière Noémie a toujours cherché à s’inscrire dans une approche pluridisciplinaire. Elle rencontre le monde du théâtre et participe aux spectacles en tant que danseuse/chorégraphe avec les metteurs en scène Denis Podalydès, Jacques Osinski, Jean-Yves Ruf, Olivier Brunhes et Raphaël Trano. A côté des créations pour la scène elle collabore aussi avec des photographes et vidéastes pour des shootings et des clips musicaux. Détentrice du Diplôme d’Etat en danse contemporaine depuis 2017, elle donne régulièrement des ateliers dans les écoles ainsi que des masterclass. 

YIJOO HWANG
Compositrice née en 1985, Corée

Yijoo Hwang, compositrice coréenne, est née à New York. Elle commence à étudier la composition à l’âge de 18 ans. Après avoir obtenu un diplôme (Bachelar) de l’Université Hanyang, à Séoul, en Corée du Sud, elle obtient un Master dans l’école “Manhattan School of Music” à New York. Lors de son cursus en Master, ses oeuvres sont jouées dans des lieux variés. À travers diverses expériences, Yijoo Hwang se découvre une véritable passion pour la musique contemporaine et commence à créer et à écrire ses propres spectacles. Elle s’intéresse ensuite à la production de spectacle. En 2013, elle prépare un Doctorat à l’Université de Hanyang en Corée du Sud. Yijoo Hwang évolue et cherche de plus en plus et de manière constante, à rapprocher le public de la la musique contemporaine. Elle créée alors deux spectacles donnés dans le cadre de France-Corée 2015-2016, puis travaille deux oeuvres pour les musiciens français et coréens, étudiants au CNSMD. Depuis 2018, Yijoo Hwang s’est installée en France où elle a suivi le cursus 3e cycle Artist Diploma au CNSMD de Lyon. À partir de l’installation sonore qu’elle a créée et installée au Vinatier (Lyon), elle imagine un nouveau projet artistique coloré afin d’approcher le public au plus près. Yijoo Hwang travaille avec divers musiciens et créé aux États-Unis, en Corée et en France. 

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